Alexandre Peuvret de Mesnu, sieur de Gaudarville, reçoit, le 20 février 1693, une concession qui est nommée seigneurie de Fossambault en l’honneur de sa mère, Marie-Catherine Nau de Fossambault. Ses deux enfants meurent sans héritier. Ignace Juchereau Duchesnay épouse la sœur d’Alexandre Peuvret, Marie-Catherine Peuvret. C’est Antoine Juchereau Duchesnay, leur fils, qui hérite des seigneuries de Gaudarville et de Fossambault. Son fils, Michel-Louis Juchereau Duchesnay, va développer le territoire en invitant des immigrants irlandais à s’installer sur ses concessions. C’est ainsi que la mission Saint-Patrice voit le jour en octobre 1821. C’est également Michel-Louis qui établit l’emplacement du manoir seigneurial et du moulin banal. Antoine Juchereau Duchesnay, deuxième du nom, succède à son père à la tête de la seigneurie jusqu’à l’abolition du régime seigneurial en 1854.
La paroisse catholique a été fondée en 1824. Elle prend alors le nom de Sainte-Catherine. Sainte Catherine d’Alexandrie, vierge martyre, reconnue pour ses vertus et sa sagesse, est choisie comme patronne. Les registres de la paroisse catholique sont créés en 1832.
Avec la suppression du régime seigneurial, plusieurs lois se succèdent et viennent modifier le paysage municipal québécois de 1845 à 1855. Ce n’est qu’en 1855 qu’apparaissent les municipalités de paroisse avec des conseils municipaux, qui sont à la base du système municipal actuel. Au fil des ans, le territoire de Sainte-Catherine a été morcelé pour former d’autres municipalités. La Ville du Lac-Saint-Joseph est fondée en 1936, Shannon, en 1946, et Fossambault-sur-le-Lac, en 1949. La population actuelle du territoire municipal de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier est de 8 804 habitants, selon l'Institut de la statistique du Québec.
Extrait d’Une rivière et des hommes, publication disponible à la bibliothèque Anne-Hébert.
Dessinées par l’abbé Jean-Paul Gélinas en 1965, les armoiries demeurent aujourd’hui un élément de fierté et un symbole d’appartenance. Elles nous rappellent les pionniers qui ont façonné la région tout en mettant l’accent sur les caractéristiques uniques du milieu.
Chaque élément choisi et disposé minutieusement a sa signification. On retrouve dans le haut le trèfle, pour les pionniers irlandais, entouré de flèches représentant les innombrables touristes présents dès le début de la colonisation. Le fond rouge illustre la foi et le sang des ancêtres. Les deux segments de la roue et l’épée symbolisent le martyr de sainte Catherine d’Alexandrie, patronne de la paroisse. Le cours d’eau divise les armoiries en deux touts, comme la rivière Jacques-Cartier divise le village. Le monceau de pommes de terre est représentatif de cette florissante culture. Le rabot antique témoigne de la présence de nombreux artisans du bois et de menuisiers. La devise SAGESSE ET BEAUTÉ a été choisie pour rappeler la sagesse légendaire de la patronne et la beauté du site enchanteur vanté par les poètes. Finalement, les dix feuilles de chêne qui ornent le tout représentent l’école forestière Duchesnay et les dix provinces du Canada.
Saint-Denys Garneau était mon cousin. Nous habitions la même campagne. La même campagne et le même été. Il habitait le paysage. Nous avons mis nos royaumes en commun : la même campagne, le même été. J’étais la plus petite. Il m’apprenait à voir la campagne. La lumière, la couleur, la forme : il les faisait surgir devant moi. Il appelait la lumière par son nom et la lumière lui répondait. Il détachait la couleur du monde pour un intense regard sur la couleur. La couleur s’avançait à l’appel de son regard, pour son regard et son jeu. La forme s’incarnait, distincte et pleine ou confondue et jointe à la couleur et à la lumière.
- Anne Hébert, décembre 1944
Le poète est une sorte de sourcier, sans baguette de coudrier, ni aucune baguette magique, qui se contente d’être attentif (à la pointe extrême de l’attention) au cheminement le plus lointain d’une source vive.
Anne Hébert est née à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier le premier août 1916. Elle y passe les étés de son enfance, faisant du théâtre avec des amis et son cousin Saint-Denys Garneau. Elle est décédée à Montréal le 22 janvier 2000 à l’âge de 83 ans. Femme d’écriture reconnue internationalement, elle accomplit, sans jamais renier ses lieux d’origine, une œuvre résolument moderne à résonance universelle. Sa poésie, qui se déploie sur près de soixante ans, offre aux gens de sa génération une vision de la réalité entièrement remaniée qui accompagne, au Québec, la transformation de la condition féminine.
J’habite le paysage et le paysage m’habite. Or un nouveau-venu viendra au lieu préparé. Et moi, habitation de celui que j’habite,
J’habiterai l’âme du spectateur lié.
Né à Montréal le 13 juin 1912, Saint-Denys Garneau passe son enfance à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier. De janvier 1934 à mars 1937, il peint sans relâche, collabore comme critique artistique à la revue La Relève et compose de la poésie. Dans le journal qu’il rédige parallèlement, il développe et précise, notamment sous le thème de l’habitation du paysage, des idées personnelles et originales sur la nature et la fonction de l’art. En mars 1937, le recueil de poésie qu’il publie, Regards et Jeux dans l’espace, marque un tournant décisif dans l’évolution de la poésie québécoise. Décédé tout près de la rivière Jacques-Cartier d’une crise cardiaque survenue le 24 octobre 1943, il a vécu les dernières années de sa vie au Manoir Juchereau-Duchesnay.